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Alice Demoly n’est pas seulement une talentueuse artiste française installée en Guadeloupe, mais aussi un médecin et une mère de famille ! Cette artiste autodidacte nous fait voyager à travers son univers brumeux et coloré, grâce à l’impressionnisme des îles, style qui la définit bien (mais sans abandonner complètement l’art figuratif). Ses oeuvres sont personnelles, instinctives, et semblent évoquer un rêve, un souvenir commun, réel pourtant illusoire.

C – Qui est Alice Demoly ? D’où viens-tu ? Parle-moi un peu de toi.?

A – Je suis originaire de Remoncourt, un petit village vosgien à coté de Vittel et j’ai fait mes études à Nancy. Un peu à part, j’ai toujours rêvé d’ailleurs. Deux voyages d’un mois, en Malaisie puis au Sri Lanka, m’ont convaincue de la nécessité de bouger et de quitter le chemin prédéfini. Je suis arrivée en Guadeloupe un peu par hasard et j’y ai vécu deux ans avec un intermède de 7 mois sur l’île de la Réunion. J’ai ensuite voyagé 4 mois en Asie du sud-est puis j’ai enfin posé mes valises ici, à Sainte-Anne. Je continue de voyager quand je le peux sur des périodes plus ou moins longues. Si je m’imprègne de cette multitude de cultures, de paysages, de beauté, d’art de vivre, c’est avant tout de la richesse de l’expérience humaine dont je me nourris, de la simplification qu’elle implique.
Je me sens artiste depuis mes premiers souvenirs sans trop vraiment savoir définir ce que cela signifie, mais j’ai mis cette partie de moi entre parenthèses après mon bac et pendant des années au profit de mes études de médecine et de ma vie professionnelle et familiale et, bien que l’art sous toutes ses formes m’ait toujours accompagnée, ce n’est que depuis une dizaine d’années que la peinture s’est imposée à moi comme une évidence. J’ai poussé un beau jour le portillon du joli jardin de l’atelier de Richard Vialatte, et l’aventure a commencé.

“« Un monde onirique dans lequel je me sens en phase. »

C – Tu as un style unique : l’impressionnisme des îles, qui partage une ambiance, des sentiments et sensations. On ressent une délicatesse dans tes œuvres qui se traduit par tes coups de pinceau très « smooth ». Ce qui est sûr, c’est que tes peintures nous transportent et ne nous laissent pas indifférents. Qu’est-ce qui t’inspire ? Quelles sont tes influences artistiques ? Parle-nous de ton univers.

A – Je suis totalement autodidacte, je n’ai aucune connaissance en analyse plastique, et que d’infimes notions en histoire de l’art. Je dirais que mon rapport à la matière a contribué à créer mon univers : j’aime lâcher mon geste, j’aime mêler les masses et les couleurs à même la toile, ma façon de peindre est presque viscérale. Je commence mon travail sur la toile directement à la peinture sans dessin préalable, avec une idée « floue » en tête, une ambiance, des couleurs, je place les masses, les lignes, je tourne dans l’espace et à un moment, je sens que c’est posé, que je n’ai plus qu’à laisser venir.

J’aime peindre énergiquement, et le dessin minutieux, même s’il peut être gratifiant, m’ennuie tant dans la réalisation que dans la lecture figée et restreinte qu’il induit. Pourtant la figuration, prétexte à mon travail pictural, reste indispensable à mon expression. Et donc le flou. Je n’ai pas intellectualisé le flou dans mon travail, il est la résultante de ma dynamique intérieure et de mon engagement corporel lors de la réalisation. Et d’une aspiration à la quiétude, à l’acceptation, d’une vision poétique, d’une sublimation des choses. Un monde onirique dans lequel je me sens en phase.

Mon art est très intime, c’est probablement mon principal frein à l’analyse. Mais il parle à de nombreux spectateurs, et je suis profondément touchée quand il transporte. Personnel et instinctif, il tend à devenir universel et si ce n’est pas une recherche consciente, c’est une grande satisfaction pour moi, hypersensible cachée dans ma carapace, de pouvoir partager des émotions et de me sentir reliée à l’autre.

Crédit photo : Alice Demoly – @alice.demoly

C – En dehors de la Pool Art fair que tu as faite pour la deuxième fois, où as-tu déjà exposé tes oeuvres ?

A – Comme tu l’auras compris, je peins pour moi en premier lieu et j’ai, pendant longtemps, gardé mes créations dans une sphère très privée. En novembre 2015, Richard Vialatte a organisé une exposition collective des élèves de son atelier à l’OMCS de Sainte-Anne et les premiers retours, si encourageants, m’ont donné la confiance et l’envie de me lancer et de partager. J’ai alors exposé à Garden Design en 2016, participé à ma première Pool Art Fair en 2017, exposé quelques oeuvres à la Galerie T&T de Thierry Alet début 2018, à l’OMCS de Sainte-Anne en mai et renouvelé l’expérience de la Pool Art Fair en juin. En avril 2019, j’ai réalisé une expo solo au Fort Fleur d’Épée.

« Cercles presque parfaits, à main levée, l’exercice est méditatif… »

C – Quels sont tes principaux outils créatifs pour peindre ?

A – Incontestablement la photographie que j’aime beaucoup et à laquelle je suis très sensible. Le bokeh, les profondeurs de champs, les variations de mise au point, le cadrage, la lumière, les hasards heureux m’inspirent davantage que les grands peintres que j’admire. Les cercles colorés, directement inspirés du bokeh, placent des masses, des couleurs, des ruptures, marquent de la netteté, et m’aspirent entièrement dans la réalisation. Cercles presque parfaits, à main levée, l’exercice est méditatif : calme, lenteur, régularité du souffle, précision, lâcher…un état quasiment hypnotique qui contribue autant à l’atmosphère de la toile que les aplats profonds dans lesquels erre le regard.

C – Est-ce que la culture caribéenne t’influence dans tes oeuvres ?

A – Je suis arrivée en Guadeloupe en octobre 2000, pour 6 mois, et je suis toujours ici. Toute ma vie adulte. Donc oui, cette culture m’habite, forcément. Mon quotidien est une de mes sources d’inspiration et ma série de 2018 est clairement « caribéenne », dans les thèmes, les lumières, les couleurs éclatantes, la douceur, la vitalité. Mais encore une fois, le sujet n’est qu’un prétexte à une expression plus profonde et plus universelle. Mon métier me place au cœur de la vie, pas seulement au cœur de la vie antillaise. À mon sens, quelques soient notre culture, nos croyances, notre histoire personnelle ou collective, nous appréhendons la vie avec singularité mais également avec universalité. Quelque chose nous unit au delà de toutes nos différences. Je ne me sens pas plus Guadeloupéenne que Lorraine, humaine simplement, et c’est de cette humanité dont je me nourris.

C – Peux-tu me parler un peu de ton parcours ? Que fais-tu actuellement ?

A – Je ne vis pas de ma peinture, c’est une contrainte car j’aimerais pouvoir baigner dans les couleurs sans limite, j’aimerais avoir le temps de développer mon réseau, d’organiser des expos, de communiquer (trois mois pour faire cette interview, c’est un peu long!) mais c’est aussi un gage de grande liberté : liberté de création, d’expression, de thème, de couleur, de format, de temps…

C – Quelle est l’oeuvre dont tu es le plus fière, et pourquoi?

A – Question difficile…certaines toiles me plaisent moins. Quand l’équilibre me paraît artificiel, quand la recherche a été un peu laborieuse. Je suis satisfaite quand l’évidence est là comme dans « La plage », « les bateaux » « Femme 1 » « Palm Tree 1 » « L’incendie » ou encore « Série urbaine » n°1 et n°2. Heureusement, ça arrive souvent, mais pas toujours!

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