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Franz Caba est un architecte dominicain et un artiste autodidacte qui vit et travaille à Saint-Domingue. Il s’intéresse au corps non normatif, aux imaginaires collectifs colonisés et à la création d’espaces de réflexion et de vulnérabilité. Caba a créé un ensemble d’œuvres très diverses, allant des dessins acryliques aux installations en passant par l’art numérique. Depuis notre entretien avec l’artiste, que vous pouvez retrouver ici, Caba nous présente une nouvelle série qui médite sur l’idée d’appartenance, sur la signification des espaces pour nous et nos identités.

“Hasta la mitad es mucho”
20”x24”
Acrylic on canvas
2021

Qui a dû mourir pour ce que nous voyons ?
Le produit identitaire est le résultat de dynamiques de pouvoir, d’abus et d’extermination, mais aussi de la nostalgie et de l’exotisation des disparus.
Si l’histoire est écrite par les vainqueurs, notre mémoire est biaisée par les intérêts d’une fiction qui ne nous appartient pas.
Que restera-t-il de nous quand ce sera notre tour d’abandonner l’expérience terrestre si nous ne sommes même pas assez bons pour une graine ?
Si saben como me pongo, pa’ qué me invitan?”
16”x20”
Acrylic on canvas board
2021

Il existe une tendance à unifier l’identité (ou les identités) par les contextes, les espaces et les objets auxquels nous nous rattachons, la pluralité est généralement ignorée afin de renforcer les idéaux d’appartenance et de pertinence. Nombres de nos fantasmes sont alimentés par des simulacres de communautés fabriqués.
Devons-nous nous border aussi loin que le drap le permet, même si nos pieds restent à l’extérieur ?
“Va a llover no moja”
20”x24”
Acrylic on canvas
2021
Nous nous sommes habitués à penser que les lieux, les objets et les personnes acquièrent leur appartenance en fonction des caractéristiques qu’ils possèdent, supposant que « l’ordre naturel des choses » n’est pas fondé sur des systèmes d’oppression et d’exclusion permet la survie de fantasmes romantiques d’identité et d’espace.
Malgré cela, les modèles de vie que nous avons sont-ils organiques ?
Je me souviens que lorsque j’ai fait mon coming-out, un proche m’a dit que tout s’arrêtait là où il fallait, mais qui dit qu’il y a là où il faut ?
‘Celui qui donne le premier donne deux fois’
20’x24′
Acrylique sur toile
2021

« Et qui t’a dit ce que tu es ? Il semble que nous comprenions notre identité comme le fruit d’une génération spontanée. Il nous est difficile de reconnaître les influences et les manipulations sur notre imaginaire. On s’accroche à l’idée que l’on compose un mono-produit identitaire unique et inaltérable, comme si on exigeait que la pureté ait un sens. Dans la rue, ils disent : « Si vous ne pouvez pas boire cette eau, rendez-la sale. À quel point l’avez-vous rendu sale? »
“No hay sistema” (SOLD)
16”x20”
Acrylic on canvas board
2021
Les transformations des sites sont aussi nos changements.
Depuis le début de la pratique architecturale, nous avons doté les lieux d’une identité propre. Nous contemplons les espaces comme des entités humaines (qui nous dépassent parfois) et développons des relations émotionnelles avec eux.
Prierions-nous avec autant de foi si les églises n’avaient pas cette apparence ?
Ma tante dit que celui qui porte les vêtements de quelqu’un d’autre dans la rue se déguise. Les bâtiments subiraient-ils le même sort que nous si leurs identités spatiales étaient volées les unes aux autres ?
“No se puede sufrir por lo que el otro goza”
20”x24”
Acrylic on canvas
2021
Nous sommes très attachés à ce que nous considérons comme « nôtre », nous défendons l’intégrité du produit identitaire car nous partons du principe que sans lui nous ne sommes rien.
Comment en sommes-nous arrivés à cette situation ?
On dit que le diable aimait tellement ses enfants qu’il lui a arraché les yeux, j’aimerais que nous cessions d’aimer autant.
“El golpe avisa”
Acrylic on canvas
24”x30”
2021
Nous adaptons les corps, les comportements, les espaces et les objets dans une sorte de photographie d’identité, un document référentiel de nos imaginaires colonisés sur la vie et l’habitation.
J’ai récemment eu une conversation sur la manière dont le paysage était un produit du désir visuel et je n’ai pu m’empêcher de me demander si, de la même manière, nous recherchons nos identités afin de satisfaire notre curiosité morbide pour les récits de territoires individuels et collectifs.
Reconnaissez-vous les éléments qui composent votre paysage identitaire, ou trouvez-vous plus facile d’identifier le paysage des autres ?
Si le sel vous coûte plus cher que la chèvre, ne vous inquiétez pas, là où j’achète, on vend.
“La que no grita no mama”
Acrylic on canvas
16”x20”
2021
Nous avons des sentiments mitigés face aux transformations, notre pouls ne tremble pas pour pointer et répudier les dissidences identitaires et en même temps nous souhaitons être autres, d’abord morts plutôt que simples.
Avez-vous peur d’être autre chose ?
“Na’ ma’ hay que ‘ta vivo pa ver vaina’”
20”x30”
Acrylic on canvas
2021

Ici, nos réalités et nos fictions coexistent sur un territoire tangible.
Qui peut dire que ce n’est pas un rêve ou un cauchemar si nous vivons en attendant que l’imaginaire nous traverse ?
L’âne sait-il vraiment qui il renverse et le diable sait-il qui il emmène avec lui ? Il semble que ce soit une coïncidence qu’il touche toujours les personnes les plus déglinguées.

“Si no dice llueve….”
« If it doesn’t say rain…. »
Acrylic on canvas board
16”x20”
2021

Je pense qu’il existe une relation étroite entre les bâtiments et nos fantasmes. La plupart des espaces sont construits à la poursuite de fictions de comportement et d’identité. Les espaces nous promettent l’amélioration de nos environnements et de nos conditions, nous avons besoin d’un endroit où le progrès réside.Je me souviens que dans un cours sur l’histoire de l’architecture dominicaine, le professeur nous a raconté la surprise des Français lorsqu’ils sont intervenus dans la ville de Saint-Domingue et l’ont trouvée pleine d’églises et sans théâtre.

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