Êtes-vous intrigué par la charmante façade d’une Kaz* créole ? A la manière d’une photographie, Alain André fige le temps en créant des versions miniatures des maisons traditionnelles créoles. En véritable amoureux des îles, l’artiste guadeloupéen souhaite promouvoir et sensibiliser à la conservation du patrimoine architectural caribéen à travers la reproduction de ces maisons symboliques et authentiques.
Creole Kaz* : maison traditionnelle créole
C – Qui est Alain André ? D’où venez-vous ?
A – J’ai vécu en France toute ma jeunesse, je suis née à Saint-Claude en Guadeloupe, je passais mon temps en France avec ma mère. Nous vivions dans une famille bourgeoise du 16ème arrondissement, ma mère était cuisinière. Ce sont des gens qui nous ont très bien accueillis, nous passions nos vacances chez eux. Je suis resté longtemps en internat.
Mes premiers métiers : livreur, commis de restaurant, dessin de plans, photographie (que je faisais en dehors du travail). J’ai été micrographiste pendant plusieurs années à la banque. Et puis un jour j’en ai eu marre, je suis arrivé en Guadeloupe et pour la première fois de ma vie j’ai eu un flash : il faut que je rentre chez moi. J’en avais besoin. C’est ce que j’ai fait. J’ai eu des périodes où j’ai eu beaucoup de mal.
Je me suis occupée de moi, j’ai mis ma famille de côté. Je me suis isolée, j’ai quitté la maison de ma mère : cela m’a donné une force qui n’était pas possible. J’avais une relation difficile avec ma mère. J’ai repéré des boîtes de conserve, du bois, j’ai commencé à faire du kaz. Je n’ai pas réfléchi, c’est venu comme ça.
» Nous n’avons pas de châteaux, mais nous avons des kaz, dans chaque commune. «
C – Pourquoi le kaz créole comme thème principal ? Quel message voulez-vous faire passer à travers votre œuvre ?
R – Le message que je veux faire passer est d’avoir un regard plus bienveillant sur nos habitations. Au début des habitations, c’était des gens qui allaient chercher du bois dans la forêt, ils avaient les connaissances techniques pour fabriquer leur kaz. Pendant les ouragans, certains sont partis mais d’autres sont restés. C’est notre patrimoine. On n’a pas de châteaux, mais on a des kaz, dans toutes les communes.
D’ailleurs, je n’aime pas l’image que les gens ont. Comme si c’était une honte d’être dans un kaz créole. Une fois, je faisais une intervention dans une école, et j’ai demandé aux enfants : » Qui vit dans un kaz créole ? « . » Peu ont levé la main, très timidement, le regard fuyant comme si c’était une honte d’y vivre et qu’il valait mieux être ailleurs. Je pense que c’est le contraire qui est vrai.
C – Quand avez-vous commencé à réaliser des maquettes créoles ? Quels sont vos principaux outils de création ? Quels matériaux utilisez-vous ?
A – Je fais de la récupération : canettes, métaux récupérés sur les stores. Je récupère des ventilateurs sur le bord des routes, j’ai utilisé par exemple les pieds de ces derniers (rires). Je récupère de la ferraille dans un magasin de bricolage. J’utilise les déchets, j’achète rarement. J’ai pris de nombreuses photos de maisons qui n’existent même plus : J’ai 62 ans, je fais des photos depuis l’âge de 17 ans, c’est une source d’inspiration pour mon Kaz créole.
C – Comment la culture caribéenne vous influence-t-elle dans votre travail ?
A – Je suis un jeune étudiant de la culture guadeloupéenne, j’essaie de m’immerger, je savais que cela me donnerait de la force. Quand je travaille sur une façade, je lève les yeux et je veux dessiner la Soufrière. J’aime commencer quelque chose et le terminer.
Quand je ne sais pas comment faire, je regarde sur Youtube. J’ai une rigueur, si je travaille le matin jusqu’à 12h, l’après-midi je prends mon appareil photo pour faire des photos, je sors en ville.
Le créole Kaze m’a permis d’entrer dans ma culture, négropolitaine d’accord, mais nègre avant tout. Quand j’expose, les gens me demandent rarement ma technique. Ils regardent mes pièces la tête pleine de souvenirs, « Ah oui, tu te souviens, c’est comme chez grand-mère ».
negropolitain* : Personne d’origine antillaise vivant ou née en métropole.
Un véritable coup de cœur de la rédaction. Alain nous touche par ses œuvres, ses mots et sa personnalité. Avec ses créations, il nous fait nous réapproprier la beauté du patrimoine culturel qui nous entoure. Une façon originale de ramener avec soi un morceau de Guadeloupe.
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