Belkis Ayón, était une graveuse cubaine connue pour ses collographies allégoriques, inspirées de la religion afro-cubaine. Une technique signature de l’artiste qui s’explique par un processus d’impression en noir et blanc, dans lequel une variété de matériaux différents sont collés sur une matrice en carton. Des oeuvres reconnaissables par ses figures androgynes fantomatiques sans traits, aux yeux en amande, sur fond sombre à motifs.
L’artiste concentre ses travaux autour du sujet des Abakuá, une société sécrète afro-cubaine et entièrement masculine. Au début du XIXe siècle, cette fraternité arrivée à Cuba est devenue un noyau de protection et de résistance pour ses membres, des Africains réduits en esclavage, originaires du sud-est du Nigéria. Une partie des créations de l’artiste tourne autour de la princesse Sikan, personnage de la légende Abakuá, qui raconte l’histoire de la violation d’un secret par une femme.
L’ascencion de Belkis Ayón, femme noire et cubaine, dans le monde de la gravure contemporaine et ses recherches appronfondies sur une puissante fraternité entièrement masculine étaient remarquables, audacieuses et impressionantes.
Ayón a fait des recherches approfondies sur l’histoire d’Abakuá, avec un accent particulier sur la figure féminine la plus importante et la seule de la religion : la princesse Sikan. Selon un mythe central d’Abakuán, Sikan a accidentellement capturé Tanze, un poisson enchanté qui conférait un grand pouvoir à ceux qui entendaient sa voix. Quand elle a apporté le poisson à son père, il l’a avertie de se taire et de ne plus jamais en parler. Elle a cependant divulgué l’information à son fiancé, chef d’une tribu ennemie. Sa punition était une condamnation à mort et avec elle, Tanze est également mort.
Cette légende se présente comme un thème majeur dans les travaux de l’artiste. Le concept de silence imposé est évident dans l’absence de bouche dans toutes ses figures. La démonstration de Belkis Ayón de la trahison de Sikan dans ses collographies peut être considérée comme une transgression car, ironiquement, Ayon, artiste féminine, donne la parole au principal antagoniste Sikan, une femme, dans la mythologie Abakua, qui interdit traditionnellement les femmes. De cette façon, Belkis s’est rebellé contre la culture sexiste et patriarcale en prétendant être ancrée dans la société cubaine en soulignant la présence féminine de la religion.
Bien que mon travail traite d’un thème aussi spécifique que les croyances, les rituels et les mythes de la société secrète Abakuá, cela ne signifie pas qu’il est consacré uniquement à la population qui pratique et professe cette foi. Avant tout, je m’intéresse au questionnement sur la nature humaine, ce sentiment fugace, la spiritualité, par lequel mon art peut être apprécié par un public universel, bien qu’il soit très difficile à première vue d’échapper à l’impression, aux formes et à l’image.
[Texte écrit par Belkis Ayón c. 1993, in the State’s archive.]
collographie,
© Photo : José A. Figueroa, © Belkis Ayón Estate, © ADAGP, Paris
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© Photo : José A. Figueroa, © Belkis Ayón Estate, © ADAGP, Paris
Des rétrospectives de son travail ont été présentées dans de grandes institutions telles que le Fowler Museum, El Museo del Barrio, the Kemper Museum of Contemporary Art, et le Museo Reina Sofía. Son travail fait partie des collections du the Museum Ludwig, the National Museum of Fine Arts in Havana, the Museum of Contemporary Art, Los Angeles, the Museum of Modern Art, the Norton Family Foundation, and the Wifredo Lam Center of Contemporary Art.
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